J’aimerais partager avec vous le moment où la permaculture a fait son entrée dans ma vie, mais il est difficile de trouver un instant précis. En général, je réponds que j’ai débuté la permaculture en cultivant mon potager, comme beaucoup d’autres. Cependant, je crains que cette réponse ne renforce l’idée réductrice que la permaculture se limite à la pratique du jardinage. Et c’est bien plus que cela. C’est une approche holistique englobant divers aspects de la vie qui repose sur 3 piliers éthiques fondamentaux : respecter la Terre, respecter l’Homme et créer l’abondance et redistribuer les surplus.
C’est vrai que c’est à travers le potager que j’ai rencontré pour la première fois le terme « permaculture ». Avec l’arrivée de nos enfants, notre intérêt pour la qualité de notre alimentation s’est considérablement accru. Nous avons commencé à examiner attentivement les étiquettes des produits alimentaires, à privilégier des ingrédients frais et non transformés, à éviter le plastique et les pesticides, et à nous tourner naturellement vers le bio. Tout cela s’est ajouté aux préoccupations liées au changement climatique, nous incitant à privilégier les produits locaux et à réduire notre empreinte carbone.
Potager écologique
L’envie d’avoir notre propre potager écologique a commencé modestement avec quelques plants de tomates, des radis, des salades et des courgettes. Récolter nos propres légumes était tellement gratifiant que l’envie d’aller plus loin a rapidement pris le dessus.
Mais les défis à relever dans notre potager écologique furent vite nombreux. Les escargots, en particulier, semblaient avoir élu domicile en masse. Chaque matin, nous devions déployer des efforts considérables pour éviter de leur marcher dessus en sortant sur la terrasse. La situation était telle que les méthodes traditionnelles de lutte contre les nuisibles, telles que les produits chimiques et les répulsifs, semblaient être la seule option possible.
Puis, la découverte du mildiou, de l’oïdium et des pucerons envahissant mes fèves a ajouté une complexité supplémentaire. Pour couronner le tout, une armée de fourmis était présente pour élever et prendre soin de ces pucerons. Les astuces traditionnelles comme l’utilisation de coquilles d’œufs pour protéger les plants des limaces, n’étaient pas d’une efficacité notable.
Ces défis ont amplifié mon désarroi, car produire des légumes demandait des efforts considérables, juste pour les voir être ravagés par ce petit monde. Cette période a été un tournant dans notre approche du jardinage, nous incitant à explorer et chercher encore des alternatives plus respectueuses de l’environnement et trouver des solutions durables.
C’est ainsi que j’ai découvert un angle peu exploré dans mon entourage : la permaculture. Le terme apparaissait fréquemment au cours de mes recherches, mais il semblait englober un univers vaste et varié, de la culture en lasagne au design en passant par la permaculture humaine. Comment est-ce que la conception de buttes pouvait résoudre mes problèmes et rendre mon potager prospère sans me demander de consacrer toutes mes journées à cette tâche ?
Permaculture débutant
Les livres ont été mes guides privilégiés. J’ai une passion certaine pour eux, peut-être un peu trop, à en juger par leur omniprésence dans toutes les pièces de ma maison. Lorsque j’ai plongé dans l’univers de la permaculture, un nouveau monde s’est ouvert à moi. Cependant, la richesse de ce domaine était si vaste que, malgré la cohérence du sujet, j’avais parfois l’impression de me retrouver face à des informations contradictoires.
Le premier ouvrage qui a véritablement facilité mon initiation fut « Le guide de la permaculture au jardin : pour une abondance naturelle » de Carine Mayo, publié par les éditions Terre Vivante. C’est grâce à ce livre que j’ai commencé à comprendre les principes fondamentaux de la permaculture appliquée au jardin. Ensuite, l’ouvrage de Damien Dekarz a été une révélation, m’enseignant comment abandonner le labour traditionnel de la terre et renoncer à l’utilisation d’insecticides, fongicides, herbicides, tout en me passant d’intrants chimiques. Ces deux livres sont d’une accessibilité remarquable pour tous ceux qui souhaitent débuter dans la permaculture.
Par la suite, ma collection s’est enrichie de nombreux autres ouvrages, chacun apportant sa perspective unique et complétant progressivement mes connaissances.
Nouvelle maison, nouveau terrain de jeu
Après quelques années, la vie nous a conduits en Charente-Maritime, dans une maison avec un terrain un peu atypique en bordure d’une petite ville. Dès notre arrivée, nous avons planté quelques légumes dans un potager rempli de gravats, où l’absence de vers de terre et autres décomposeurs nous a frappés.
En me tenant au milieu de mon petit potager, face au défi d’installer des plantations sur un terrain ombragé mais soumis à la chaleur estivale, j’ai ressenti le besoin d’approfondir mes connaissances pour éviter les essais aléatoires. J’ai souhaité comprendre comment intégrer la maison, les dépendances, le jardin, nos activités et notre voisinage dans ce projet. J’ai décidé de monter en compétence et de suivre des ateliers organisés près de chez moi. Cependant, ces sessions, bien que riches, ne suffisaient pas à atteindre mes objectifs.
C’est ainsi que je me suis tournée vers des formations de plusieurs jours et ai découvert les CCP : cours de conception en permaculture. Il s’agit d’une formation dont le contenu a été mis au point par Bill Mollison, fondateur de la permaculture. Cette formation en immersion, de 72h minimum, permet de comprendre et d’appliquer les fondamentaux de la méthode de conception permaculturelle. Un exercice de design est réalisé en équipe pendant l stage et présenté à la fin. Mon choix s’est porté sur le CCP de Sève – Asso dans le magnifique environnement du Vexin, et l’expérience a été passionnante.



Méthodes permaculturelles
Tellement passionnante que j’ai décidé de partager mes expériences permacoles, en commençant par ce blog. Mon défi initial était de créer un potager fonctionnel toute l’année. Au fil des semaines automnales et hivernales, je partage avec vous mes actions, mes découvertes, car je suis débutante dans cet univers hivernal. Vous y trouverez nos expériences, nos conseils basés sur ce qui a fonctionné ou non, et les nouveautés que nous prévoyons de tester.
Dans mes articles précédents, vous pouvez déjà découvrir comment préparer un compost pour les courges, bien planter les fruitiers, ou encore comment un potager en permaculture offre du temps pour soi et une reconnexion à la nature. Bien sûr, je partagerai également quelques recettes pour savourer les fruits et légumes que nous cultivons. Car l’objectif n’est pas seulement de les faire pousser, mais aussi de s’en nourrir.
D’autres projets permaculturels sont en cours, et j’espère pouvoir vous en parler en 2024. Mon intention est de démontrer que la permaculture est une philosophie de vie pour une existence durable et agréable. Chacun évolue dans des conditions de vie plaisantes, où chaque élément interagit pour créer un équilibre.
Transition bas carbone
Dans ma quête de formation en permaculture, j’ai eu l’occasion d’assister à une conférence de Gildas Véret, qui soulignait la contribution de la permaculture à une vie à faible émission de carbone. Gildas Véret est l’auteur principal de l’atelier pratique et ludique « Inventons nos vies bas carbone« . Inspirée par cet outil, je suis devenue animatrice bénévole de cet atelier sur Saintes et ses environs. C’est une opportunité d’agir concrètement pour réduire nos émissions de carbone tout en ajoutant de la joie à nos vies. Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, vous pouvez consulter ma page dédiée ici.

Expérience personnelle permaculture
La permaculture a apporté une richesse considérable à ma vie de manière rapide et significative. Par moments, je partage avec vous les principes qui guident cette approche. L’un d’entre eux est particulièrement cher à mon cœur : « créer une production ». Cela dépasse largement la simple récolte de fruits et légumes abondants ; cela englobe également la production de liens entre nous.
Depuis que j’ai entamé cette aventure, un dialogue régulier s’est instauré avec mes voisins jardiniers. La femme du voisin de mon potager, par exemple, nous a généreusement fait visiter son magnifique jardin japonais, créant ainsi une connexion entre nos univers. Nous échangeons non seulement des informations, des graines, et des légumes, mais surtout, nous partageons de précieux moments. Avec d’autres amis partageant cette passion, nous avons même consacré un week-end entier à transformer ensemble nos récoltes de courges.
En m’impliquant dans des associations, mon réseau de connaissances et d’amis s’élargit constamment. En résumé, la permaculture nous incite à partager, redistribuer, et c’est là que réside toute la richesse de cette production. Je considère que je suis encore au début de cette grande aventure que je partage avec ma famille. Mes enfants, sensibilisés à cette philosophie, pourront, s’ils le souhaitent, à leur tour semer des graines et participer à cette belle démarche collective.
Je pourrais continuer à écrire encore davantage sur les débuts de cette passionnante aventure, mais je crains que mon article ne devienne trop long, et je respecte votre précieux temps. Si toutefois, un aspect particulier vous intrigue ou si vous désirez plus d’informations sur un sujet spécifique, n’hésitez pas à me le faire savoir. Je serai ravie d’approfondir dans un futur article.
Ensemble, construisons un chemin vers une vie plus harmonieuse avec la permaculture.
Quel sacré chemin ancré dans le temps. Je trouve super comment tu t’es accrochée alors que les difficultés se multipliaient. Rien qu’à voir les trois photos de l’article j’imagine ton jardin magnifique et suis curieuse d’en voir d’autres photos dans d’autres articles. J’ai tenté un peu de permaculture dans mon tout petit jardin. Cela correspond à mes valeurs. Je suis encore loin du compte, et mes ambitions sont toutes petites puisqu’il d’agit simplement d’un espace décoratif. Je suis bien décidée à continuer dans cette voie. Je pense qu’on ne peut plus reculer après avoir commencé.
Bravo ! La permaculture a aussi sa place dans un jardin d’ornement. Accroche-toi, car la patience est importante. Le système trouve son équilibre dans le temps, étape par étape. Ca mérite un autre article _ Merci pour l’inspiration ;-)! L’article à venir sur les petits espaces devrait également t’intéresser.
Concernant les photos, elles ont été prises à la ferme de la cure où j’ai suivi le CCP. Et effectivement leur potager est magnifique. Ce lieu est un véritable cocon.
Si tu passes par le Vexin, n’hésite pas à y faire une halte. (Tu trouveras des photos de notre potager en automne et en hiver dans les articles précédents).
Je rêve d’une maison avec jardin pour avoir un potager. Je suis d’accord sur le fait que la permaculture est holistique. L’année dernière j’ai découvert « la permaculture au travail », l’idée étant de reprendre les lois du vivant pour l’adapter au monde du travail… Je suis tombée fan de cette approche….j’en dédierai des articles.
Je lirai avec beaucoup d’attention tes articles sur la permaculture au travail. La permaculture humaine est passionnante.
J’ai prévu un article sur le potager en permaculture lorsque nous n’avons pas de jardin. Pour patienter, j’ai fait un carrousel instagram sur le sujet avec plusieurs pistes.
Merci de nous avoir ouvert les portes de ton potager. J’ai particulièrement apprécié l’approche holistique de la permaculture.
Avec plaisir.
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